Vie de Jean Nicoli

Quelques heures avant d’être décapité par des fascistes italiens, le 30 Août 1943, Jean Nicoli écrivait à ses camarades qu’un jour « la Corse comprendrait et qu’elle serait communiste ». Tamantu sbagliu, erreur colossale. Aujourd’hui, ne serait-ce que sur le strict plan électoral, une large majorité de la population de Corse se projette dans une France néo-fasciste (vote record pour le R.N.) ou ne se projette pas du tout (abstention record) et localement vers une autonomie certes souhaitable mais dont le projet social et politique peine à se définir clairement.

Alors voilà ce qui nous intéresse en cette année de commémoration corse : essayer de mettre en question, avec le théâtre, la relation entre 1943 et 2023. Faire, non seulement avec des gens d’ici et d’ailleurs mais aussi avec Shakespeare qui nous a bien dit, il y a plus de trois cents ans avec Roméo,et Juliette, que face à la haine, l’amour n’a aucune chance. Avec Ranuccio Bianchi Bandinelli qui, en côtoyant Hitler et Mussolini à Rome en mai 1938 - « deux êtres d’une très grande insignifiance » - a pu témoigner à sa façon, vingt-cinq ans avant Hanna Arendt, de la « banalité du mal » Que l’exercice, comme dirait Fritz Lang, nous soit profitable.