Sogni di Sonia

Il y a Sonia : 42 ans, un physique agréable, un mari dans la moyenne, une enfant débrouillarde à défaut d’être jolie, un travail qui l’occupe, une belle-mère drôle et méchante, une voix de reine de karaoké... Et il y a toutes les Sonia qui n’existent qu’en rêve : toutes celles qu’elle n’est pas, qu’elle aimerait être, qu’elle n’a jamais été, qui sont plus belles, plus chanceuses, plus
audacieuses... Mais qui n’existent que dans un coin de sa tête qu’elle garde secret. Ce matin, Sonia se réveille tôt... Trop tôt. Elle croit
pouvoir prendre une petite heure dans sa salle de bain, pour s’occuper d’elle avant que le reste de la maisonnée ne se réveille, mais elle est incapable de se détendre. Les échecs du passé, les peurs de futurs hypothétiques, les regrets et les remords, s’immiscent dans ses ruminations mentales, faisant surgir un monologue tourbillonnant et plein de macagna sur les frustartions d’une femme qui pensait pouvoir prétendre à une vie d’abondance.

« Il me semblait important d’inscrire cette fiction dans la langue corse en Corse. La vie de Sonia n’a rien d’exceptionnel : elles sont nombreuses, ici aussi, à travailler dans des bureaux, privés ou publics, avec des salaires qui ne permettent pas de vivre seule, surtout
avec des enfants. Femme de classe moyenne, elle doit tout porter : famille, belle-famille, maison... Or cette réalité reste largement absente des fictions régionales, trop souvent centrées sur la mafia, la politique, l’histoire, l’identité ou le monde rural. »