Les figures de l'agressivité
Mercredi 19 janvier 2011 à 14h00Jean Pierre Denis
À l’heure où certains célèbrent dans « l’homme cognitif » un modèle neurobiologique susceptible de valider les hypothèses des thérapies cognitivocomportementales, d’autres s’interrogent devant une sorte de banalisation de la violence, une violence urbaine récurrente et d’autant plus inquiétante qu’elle semble émaner de sujets de plus en plus jeunes, et parfois mineurs. Si de tels faits divers témoignent d’une précarité contemporaine du lien social, ils témoignent aussi de cette agressivité foncière qui, de toujours, habite l’être humain, une jouissance mauvaise qui avait fait écrire à Freud en 1929 dans son Malaise dans la civilisation : « L’homme n’est point cet être débonnaire, au coeur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend quand on l’attaque, mais un être au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d’agressivité. Pour lui, par conséquent, le prochain n’est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possible, mais aussi un objet de tentation. L’homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans dédommagements, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses biens, de l’humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer. » Ces phénomènes, insupportables mais tellement familiers, nous ramènent quoi qu’on en veuille à ce qu’il en est de l’agressivité chez l’être humain, à savoir l’énigme de notre rapport à l’Autre, un rapport non inscrit a priori dans les programmes cognitifs de l’instinct, - c’est la thèse de Jacques Lacan -, et dont on ne peut serrer la formule biologique. Stanley Kubrick qui l’avait bien compris, en a tiré en 1971, avec Orange mécanique, un film d’une inquiétante contemporanéité… Nous essaierons de déplier quelques figures de l’agressivité, en faisant la part entre les intentions agressives qui relèvent encore de l’échange, et les tendances agressives qui, elles, brisent réellement le lien social. Dans cette perspective, il nous faudra éclairer ce que Freud avait tenté d’attraper avec la notion de pulsion de mort, et la façon dont l’enseignement de Jacques Lacan en renouvelle l’abord.
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